Une classe de 6e et une classe de 5e vont ouvrir en septembre à l’école d’Esse Un collège à la pédagogie alternative qui veut relever les défis éducatifs de la ruralité.
L’école d’Esse, fermée en juin 2016, va retrouver vie. Mais avec des élèves en uniforme ! En septembre, elle accueillera un collège à la pédagogie alternative, baptisé Cours Aliénor d’Aquitaine, porté par la Fondation Excellence ruralités. Une classe de sixième, une classe de cinquième avant les quatrièmes et troisièmes les années suivantes, avec pour objectif rien de moins que de « relever les défis éducatifs de la ruralité ». Ce jeudi après-midi, le futur directeur, Philippe Sauer, est venu, sous le soleil, visiter les bâtiments en pierre, guidé par le maire Roland Fourgeaud et quelques membres de l’association de gestion du collège, avant une réunion publique le 24 mai (1).
C’est le second établissement que la fondation ouvre après une école pilote à La Fère, dans l’Aisne. Jean-Baptiste Nouailhac, 35 ans, déjà largement habitué aux médias nationaux, était ingénieur commercial chez IBM, à Paris, quand sa « quête de sens » l’a amené à prendre part à l’aventure Espérance Banlieues, le réseau qui depuis dix ans créé des écoles dans les quartiers prioritaires. Le Cours L’Odyssée à Soyaux, en fait partie. En 2017, il lance la fondation Excellences ruralités avec Hervé Catala, cadre dirigeant dans une banque. Leur mission : « relever les défis éducatifs des ruralités ». « Les difficultés de notre système éducatif ont des conséquences plus lourdes dans le monde rural, constate Jean-Baptiste Nouailhac. Les enfants d’ouvriers nés dans l’Indre et la Creuse ont deux fois moins de chances d’être cadres que les mêmes enfants nés à Paris. Il est donc encore plus important d’y inventer l’école de demain. »
“Pas pour les bourgeois”
Son désir de dupliquer l’expérience a rencontré la réflexion d’un groupe de parents de Charente Limousine, parmi lesquels Claire Poumailloux, ancienne prof à Ruffec, habitante d’Hiesse. « Mon mari et un autre membre de l’association ont eu l’expérience de petits effectifs qui les avaient remontés à la surface. On s’est dit que ce serait bien que ça existe dans la région et on s’est rapproché de la fondation. Ce n’est pas un collège pour les bourgeois, insiste-t-elle. Il est fait pour tous ceux qui ont un peu de mal dans le système classique : des élèves victimes de harcèlement, démotivés ou décrocheurs mais aussi les élèves qui souffrent de phobie scolaire ou qui sont surdoués et pas pris en charge pour ce qu’ils sont. » Elle promet des enseignants autant éducateurs que profs. « Qui pourront partager une partie de foot avec les enfants à la récré », ajoute Jean-Baptiste Nouailhac.
Ce collège est fait pour tous ceux qui ont un peu de mal dans le système classique.
Des risques pour les collèges voisins ?
Philippe Sauer, 40 ans, vient d’être recruté comme directeur. Ce jeudi après-midi, avant la découverte de l’école, il a visité une maison. Un changement de cadre de vie pour celui qui était jusque-là directeur du Cours Charlier, établissement catholique pour garçons, hors contrat, à Nantes. Ce sera sa première expérience en milieu rural, qu’il vit comme un « challenge », motivé par « la fierté de donner de la fierté aux jeunes ».
Alors que le collège de Confolens s’apprête à fermer deux classes et que les collèges ruraux surveillent de près leurs effectifs, certains professeurs du territoire regardent déjà cette arrivée avec circonspection. Le Département n’a pour l’heure pas connaissance des détails du projet, assure Fabienne Godichaud, vice-présidente.
Mais Jean-Baptiste Nouilhac veut rassurer. « La première année, dans l’Aisne, nous avons fait face aux inquiétudes des collèges voisins mais aujourd’hui, nous avons de très bonnes relations. Nous sommes complémentaires et nous avons de petits effectifs qui ne vont pas mener à la fermeture d’établissements. Surtout, depuis le confinement, beaucoup se sont installés dans la France périphérique. Les écoles, c’est un de leurs critères et ce type d’écoles est un des moyens pour faire venir de nouveaux habitants », veut croire l’entrepreneur.
Les parents intéressés peuvent obtenir des informations en écrivant à [email protected]
(1) Le 24 mai dans l’école d’Esse, à 20h30, en présence du fondateur et du directeur. Ouvert à toutes les personnes intéressées.
Source : charentelibre.fr, “À Esse, un collège alternatif pour « Revenir aux fondamentaux »”, publié le 05/05/2022, https://www.charentelibre.fr/charente/a-esse-un-college-alternatif-pour-revenir-aux-fondamentaux-10828362.php