Carte scolaire 2025 : des ajustements tardifs pour une rentrée chamboulée

30

Mai

2025

La carte scolaire 2025 illustre une nouvelle fois les limites d’un système trop centralisé : fermetures de classes après la rentrée, élèves déplacés et enseignants surchargés. Ces ajustements tardifs fragilisent l’équilibre des établissements et accentuent les inégalités territoriales.

 La carte scolaire 2025-2026 aura de nouveau fait couler beaucoup d’encre. L’Education nationale scolarise aujourd’hui près de 12 millions d’élèves du premier et second degré, dans les établissements publics et privés sous contrat, tandis qu’elle emploie 1,2 millions de personnes dans plus de 58 000 établissements scolaires. Cette énorme machine constitue l’un des systèmes éducatifs européens les plus centralisés, et comme pour chaque machine, il arrive que des rouages se bloquent.

La carte scolaire, qui organise la répartition des élèves et des moyens (notamment les enseignants et les classes) sur le territoire, en fonction du lieu d’habitation et des effectifs constatés, est habituellement préparée au printemps. Cela permet notamment d'anticiper les ouvertures et fermetures de classes. L’administration se laisse cependant une marge de manœuvre à la rentrée si l’effectif réel diffère des prévisions : et c’est bel et bien ce qui pose problème en cette rentrée 2025. En effet, dans de nombreux établissements, des classes ont été contraintes de fermer après la rentrée, entraînant de multiples perturbations. Les élèves concernés par ces fermetures spontanées doivent alors changer de classe et d’enseignant, ce qui peut rompre leurs repères et fragiliser la dynamique de groupe, notamment pour les élèves psychologiquement plus fragiles ou en proie à des difficultés scolaires. Par effet boule de neige, les autres classes voient leurs effectifs augmenter, impactant  le travail des enseignants et le climat scolaire. Outre ces effets observables instantanément, il faudrait également prendre en compte l’impact sur les familles, qui pourraient ressentir, à juste titre, un sentiment d’injustice et d’instabilité.

Des solutions concrètes

Il serait pourtant simple de repenser le maillage éducatif en plaçant l’intérêt de l’enfant au cœur des décisions. En garantissant, par exemple, un temps de trajet maximal de 30 minutes pour maintenir ouvertes les écoles et les classes des zones les plus reculées. Il serait également pertinent de ne pas fermer les classes comptant au moins 10 élèves, car les petits effectifs offrent des bénéfices pédagogiques importants, là où des classes surchargées de plus de 35 élèves au collège rendent difficile la construction d’une relation approfondie avec le professeur. Enfin, donner aux chefs d’établissement la possibilité de recruter eux-mêmes leurs enseignants permettrait de constituer des équipes engagées et de répondre, en partie, à la crise des vocations qui génère près de 2.500 postes de professeurs vacants. Il est grand temps de prendre en considération les territoires les plus touchés par des mesures inadaptées et de faire de la réforme de la carte scolaire l’une des priorités de l’Éducation nationale.

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